1980, le futur

Publié le par Yves Tradoff

1980 est un véritable choc des civilisations dans lequel les rythmiques tranchées de Meshuggah croisent notamment le groove alien des Weather Report. Nous avons échangé quelque mots avec les trois responsables de cette mixture aussi bruitiste et millimétrée que passionnante.

Passé et présent

1980-1 Je suis désolé mais vous êtes un groupe encore trop confidentiel pour échapper à la fameuse question : quel est la signification du nom 1980?

Armand : Suite à une évolution de notre esthétique musicale, nous avons ressenti le besoin de changer de nom. En trouver un qui soit dénué de sens propre, qui puisse être prononcé dans toutes les langues, mais qui porte en lui un caractère symbolique.

Mathieu : Nous cherchions un nom à l’image de notre musique. Le titre de l’un de nos morceaux s’est imposé comme une évidence. On peut y voir une allusion à la décennie qui nous a vu naître, plus qu’à un événement particulier ou une esthétique de l’époque.

Comment avez-vous commencé à faire du jazz-métal ? Êtes-vous venu d’un style pour venir à l’autre ensuite? Avez-vous pris modèle sur les formations qui sévissent déjà dans le domaine (Candiria, Panzerballett, Ephel Duath, Coprofago, etc.) ?

Armand : Pour tout avouer, nous connaissons mais n’écoutons pas les groupes que tu cites, bien que nous ayons joué avec Ephel Duath. Personnellement, je n’aime pas beaucoup le terme de « jazz-métal », car en ce qui nous concerne, nous avons l’impression d’être influencés par une multitude d’autres mouvances telles que l’electronica, la musique orchestrale type Bartok ou Debussy, le rock 70′s etc…

Pablo : La musique que nous faisons a toujours été plus ou moins comme ça, naturellement. Il n’a jamais vraiment été question d’autre chose. En revanche, je n’arrive vraiment pas à rapprocher la musique de 1980 de celle des groupes que tu cites, les univers sont tellement différents.

Mathieu : Pour ma part, adolescent, j’écoutais beaucoup les groupes qui ont eux-même influencé ceux que tu cites à savoir Cynic, Atheist, Death. Ce sont eux qui m’ont amené plus tard à m’intéresser au jazz fusion.

Le jazz-métal est-il un style de musique pour personnes averties – comprenez-ici pour musiciens?

Pablo : Je suis désolé, mais j’ai vraiment du mal avec cette appellation de jazz-métal. D’ailleurs j’ai toujours trouvé le terme métal assez vulgaire et très réducteur. Évidemment, c’est accessible à tous, mais ça dépend de chacun! La rivière est profonde pour qui sait y voir le fond.

Mathieu : le jazz métal est accessible à tous. Encore faut-il y mettre le prix!

Armand : Non, plus sérieusement, je ne pense pas qu’il faille posséder de prétendues clés pour pouvoir être sensible ou pouvoir accéder à notre musique. Il n’y a rien d’élitiste là dedans. Bien au contraire, j’ai l’impression que le champ de nos fans est vraiment large. Et je préfère jouer devant de simples amateurs de musiques qui vont se laisser entraîner par le son, que devant des musiciens qui ne peuvent s’empêcher de vouloir tout décortiquer!

Est-ce plus difficile de se «  vendre » à des labels, des salles ou des gens en général quand on fait de la musique sans chant ?

Pablo : Non vraiment je ne pense pas. A mon avis il s’agit juste d’une « disposition à », d’une vision et d’un savoir-faire. Tout peux se vendre et même très bien, qu’il soit question d’art ou de coton-tiges, d’ailleurs ce ne sont pas les exemples qui manquent. Il y a des gens dont c’est le métier et une chose et sure, ce n’est pas le nôtre. (Rires)

À combien d’exemplaires avez-vous écoulé votre disque?

Pablo : On est toujours en procès avec la maison de disques. Ils nous cachent les chiffres.

Le futur

1980-2 Pensez-vous que la scène métal  s’est accoutumée à ses injections jazz et polyrythmiques? Avez-vous personnellement des difficultés à faire passer la pilule? A votre avis, le métal du futur sera-t-il polyrythmique?

Armand : Oui effectivement, l’accoutumance s’est opérée c’est certain. C’est même complètement en vogue, soyons honnêtes. Pas besoin d’attendre le futur, le métal est déjà polyrythmique. Maintenant, il faut faire attention à ce que ces aspects simplement « techniques » ne deviennent pas un but en soit mais restent de l’ordre du geste d’écriture personnel.

À quoi ressembleront les tubes des années 2030 que ce soit musicalement ou en terme d’images?

Armand : En 2030, qui sait si le terme de « tube » existera toujours ? Internet et les méthodes de consommation culturelle auront sûrement changé beaucoup de choses… Ceci dit : vu qu’en ce moment la tendance est au revival des années 70 et 80, en 2030, la tendance sera peut-être au revival des années 2000 ou 2010 ?

Pablo : Nous aurons peut être a notre disposition des instruments venus d’ailleurs, genre guitares cosmiques et harpes célestes. Ou alors un retour forcé à l’acoustique suite à une guerre énergétique. Mais vu l’évolution des tubes depuis que l’on est en mesure de leurs donner ce nom là, je me dit que ce ne sera certainement pas bien différent d’aujourd’hui.

Quel est l’avenir de 1980 : nouveau disque ? Nouvelle tournée ?

Armand : Nous composons actuellement notre deuxième album. Il faut s’attendre à pas mal de surprises je pense. Une bonne partie est déjà sur pied.

Pablo : Tout, la totale. Quand on aura trouvé quelqu’un prêt à vendre du « métal sans chant ». Quoi que pas complètement sans chant, parce que nous commençons à intégrer quelques voix par ci par la.

La playlist de 1980 (par 1980)

1980 – 1980

Mathieu : 1980 est assez représentatif de notre style : puissant et cinématographique. Ca pourrait être la B.O d’un film en noir et blanc, où les héros, après avoir retrouvé la liberté éprouveraient une certaine nostalgies des années noires. Je ne sais pas, peut-être qu’ils ont peur de ne jamais retrouver ce qu’ils ont perdu ?

1980 – Amicalement vôtre

Pablo : Amicalement vôtre symbolise le moment ou le groupe a changé de son et d’écriture. La structure assez « débridée » met en avant autant de paysages sonores et d’univers variés, que d’expérimentations que nous avons mené à l’époque pour trouver un son et des formules qui nous ressemblaient.

1980- Sagaie

Armand : Sagaie est une évocation monolithique de nos racines primitives, qui un jour a fait dire à un enfant : « Cette musique, on dirait une grosse flèche de guerre! ». Cet enfant avait tout compris ! Imaginez-vous une fête de village pré-historique, avec rites initiatiques, danses traditionnelles, jeux dangereux et tout ce qui fait qu’on s’amuse bien! Il y a tout ce que comporte une parade amoureuse : invitation à la danse et démonstration de force, c’est animal mais distingué…

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Cet article a été publié sur Discordance le 13 avril.

 

 

Publié dans Culture

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