La Proie : Dupontel au centre de la chaine alimentaire

Publié le par Yves Tradoff

La Proie est le récit d’une longue course-poursuite engagée entre un tueur en série, un fugitif et la police. Un film séduisant pour son action mais repoussant pour ses dialogues.

 

 

Dès l’enfance, le schéma est entendu : les policiers poursuivent les voleurs. Ici, les choses sont un peu plus complexes. Il y a tout d’abord un braqueur évadé de prison, Franck Adrien (Albert Dupontel), qui poursuit un tueur en série, Jean-Louis Maurel (Stéphane Debac). Le premier est en fuite pendant que le second continue ses sombres forfaits. Il y a ensuite la super-flic Claire Linné (Alice Taglioni) et son équipe qui poursuivent une seule personne alors qu’ils en cherchent en réalité deux. En somme, il n’y pas qu’une proie, mais plusieurs : les victimes du tueur en série, le tueur en série lui-même et le braqueur fugitif.

Le film s’articule autour du combat entre deux visions du mal. Albert Dupontel utilise la violence uniquement pour lutter contre l’injustice dont il est victime et les dégâts collatéraux que cela génère. Il agit spontanément et aux yeux de tous, si bien qu’il fait figure de proie idéale, que ce soit pour le tueur en série, pour la police, pour les médias et pour les biens pensants. Stéphane Debac joue au contraire un personnage vicieux et malade. Il tue froidement et méthodiquement tout en tentant de faire passer les autres pour responsables de ses crimes. Sa violence est illégitime parce qu’elle vise à le déresponsabiliser de sa maladie criminelle. Le film joue sans cesse sur la radicalité de ses deux caractères, qui ont pour point commun de passer soudainement du calme à la folie et vice-versa.

Plus concrètement, La Proie s’affiche comme une longue poursuite hors des sentiers battus. L’action y est aussi essentielle que loufoque. A ce titre, ce film ressemble parfois furieusement à Enfermés Dehors, ce qui tombe bien puisque c’est justement le même acteur, Albert Dupontel, qui y tient le rôle principal. Là où la recette peine, c’est sur le suivi de l’enquête et les dialogues qui la constituent. On trouve beaucoup de mal à accorder du crédit aux policiers, la flic de choc interprétée par Alice Taglioni en tête. En clair, le film est haletant pour son action, prenant pour son scénario, mais décevant pour ses dialogues.

Sortie le 13 avril 2011. Réalisé par Eric Valette. Avec Albert Dupontel, Stéphane Debac et Alice Taglioni.

Cet article a été publié sur Discordance le 13 avril 2011.

 

 

 

Publié dans Culture

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