Stupeflip : The Hypnoflip vision en cinq points

Publié le par Yves Tradoff

A partir des paroles de King-ju et de notre culture Stupéfiante, nous avons décortiqué la nouvelle fournée du CROU.


1-Le son

stupeflip-thehypnoflipinvasion Stupeflip a fait mixer son album au fameux studio Ferber, qui a notamment vu passer Manu Chao, Nick Cave, Noir Désir, Claude Nougaro, Francis Cabrel ou encore Alain Bashung. Selon King-ju, c’est le premier disque du C.R.O.U à être vraiment mixé, si bien « qu’on peut le passer en teuf ».

King-ju : «Pendant des années, j’ai bossé sur soundedit, le plus simple des logiciels de son. C’est d’ailleurs avec celui-là que j’ai fait le premier Stupeflip. The Hypnoflip invasion est différent : c’est le premier album de Stupeflip à être vraiment mixé et c’est aussi le premier Stupeflip que tu peux passer en teuf. On l’a travaillé au Studio Ferber où le mec a refait mon son en plus gros et en plus clair. […] C’était très dur de déléguer le mix à quelqu’un d’autre. Au début, je le faisais chier sur des Charleys, sur des kick, etc. Après, je me suis rendu qu’il fallait que je lui fasse confiance.» [entretien avec l’auteur, 2011]

2-Instru

Exit les guitares poisseuses et les ambiances à se pendre. Désormais, le groupe se concentre sur des beats hip-hop. Stupeflip a pondu un album au son plus propre et plus policé, ce qui crée des ambiances plus positives. Restent quand même deux titres qui sentent bon les années folles du C.R.O.U (La menuiserie, Check da Krou).

King- Ju : «Ça fait longtemps que j’écoute plus que du hip-hop. Pour moi, le rock est mort depuis la fin de Nirvana, de Rage Against the Machine, des Pixies et des trucs comme ça. En revanche, le rap est toujours en évolution. D’ailleurs, Stupreligion ressemble à un album d’Iam, Ombre et lumière (en écoute ici).» [entretien avec l’auteur, 2011]

3-Textes et flow

Si King-ju apporte un soin particulier aux instrus, les textes semblent faits à la va-vite. Beaucoup des paroles du disque ne disent rien : le C.R.O.U parle de son flow, de sa musique, de Stupeflip, bref, ce sont des formules plus que des textes à part entière. Certaines chansons ont un concept mieux défini (Gèm les moches ou Lettre à Mylène), ce qui rend l’ensemble nettement plus drôle et c’est nettement mieux.  Par contre, là ou le groupe a évolué, c’est dans le flow. On entend une plus grande diversité de rythmes dans la voix, bref un flow mieux senti, plus mélodique aussi.

King-ju : «Je fais de la musique pour une seule raison : faire des boucles, des instrus, des beats. Je travaille beaucoup sur l’hypnotisme ce qui va vachement avec la fumette, évidemment. A l’inverse, je me fous des textes et bizarrement, les gens les apprécient.» [entretien avec l’auteur, 2011]

4-Enfance

Comme dans les précédents méfaits du groupe, Stupeflip revient régulièrement sur la thématique de l’enfance (Stupeflip vite !!!, La menuiserie, Le spleen des petits, et Région est). Et à nouveau, il dresse les mêmes constats : on souffre dès l’enfance et paradoxalement, on a tendance à vite oublier qu’on a été enfant (sans pour autour oublier les souffrances).

King-ju : «Tous les problèmes de la société commencent dans les cours de récré. Et c’est marrant parce qu’on dit toujours que les enfants sont gentils alors que ce sont les pires chiens qui existent sur terre.» [Cd d’aujourd’hui, France 2, 2005]

5-Pop-hip

Stupeflip Bonne nouvelle pour les amateurs de musique/ mauvaise nouvelle pour les fans de soupe : Pop-Hip meurt tué par balles dans la piste 17 (La mort à Pop-Hip).  Comme testament, il nous laisse quelque titres bien stupides (Gaëlle, Ce petit blouson en daim).

King-ju : «Il y a des gens qui se font des compiles de morceaux de Stupeflip mais sans les Pop-Hip. Ils ont rien compris. Il faut les laisser quand tu écoutes le disque, même si c’est dur. Ils apportent de la fraîcheur. Surtout que sur ce disque, ils sont très présents.» [Longueur d’Ondes, février-avril 2011]

Alors,quoi, quoi?

Stupeflip reste une création atypique et fidèle à elle-même. Mais force est de constater que le C.R.O.U s’est calmé. Tout le monde le comprend avec les années, et ça se perçoit chez la plupart des groupes d’énervés : au bout d’un moment, on en a le ras-le-bol, on baisse la saturation sur les guitares, on réfléchit à ce qu’on se qu’on fait et pourquoi on le fait. Reste que le groupe tourne la page et par-là même marque la fin d’un âge d’or : celle où ses chansons faisaient pleurer les voisins, ou les paroles était un continuum de hurlements désespérés, celle ou les journalistes et certains gros poissons du show-business en prenaient plein les dents. On comprend tout ça très bien mais on regarde quand même les folies de la jeunesse du groupe avec envie.

Crédits photo : Melchior Ferradou (http://www.flickr.com/photos/funeralficus)

Pour plus d'informations :

Site officiel : http://www.stupeflip.com/

Deezer : http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/stupeflip

Myspace : http://www.myspace.com/stupeflip

Facebook : http://www.facebook.com/stupeflip

Cet article a été publié le 2 mars sur Discordance.

Publié dans Culture

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