Mogwai, mode d'emploi

Publié le par Yves Tradoff

Quelques heures avant que le combo enflamme les planches du Trianon, nous avons rencontré le guitariste John Cummings. Interview.

 

Certains artistes parlent de création musicale comme d’un acte égoïste qui ne vise qu’à les satisfaire. D’autres, en revanche, disent avant tout faire de la musique pour ceux qui l’écoutent. Ou vous placez-vous ?

Hardcore will never die, but you will Nous essayons toujours de nous positionner en auditeur pour juger notre musique afin de satisfaire à la fois les fans et nous-mêmes. Après, tu ne peux pas prétendre être dans la tête des gens. Dès lors, la seule façon de faire est de s’imaginer que tout le monde pense comme toi et appréciera, comme tu apprécies, ta musique.

Quelle est votre méthode de composition (travail collectif, jam, etc.)?

On fait un peu de tout : parfois, quelqu’un arrive avec une petite mélodie, d’autres fois encore, nous fonctionnons par  jam. Toutefois, le cas le plus fréquent est désormais qu’un membre propose une chanson entière et des lignes pour tous les instruments. Cela s’explique par le fait que Barry (NDLR : il s’agit de Barry Burns, qui est aux claviers et à la guitare) vit loin de nous tous. Fatalement, c’est plus délicat de se réunir. Aussi, chacun a plus de temps pour faire les choses de son côté.

Parler musique n’est pas évidemment à la base. A distance, la communication et donc la composition doivent être très compliquées, non ?

C’est aussi difficile de composer quand on est tous réunis et qu’on répète tous les jours. Dans cette situation, tu n’as pas l’énergie de retravailler ta musique quand tu rentres chez toi. C’est comme des devoirs que tu n’aurais pas envie de faire. En plus, si tu parles tous les jours de tes compositions, le processus de création devient confus.

La célébrité dont vous jouissez est-elle un poids pour vous?

Nous ne sommes pas suffisamment connus pour que cela nous affecte vraiment. Le plus gros avantage, c’est qu’il y a plus de gens qui achètent nos disques et viennent à nos concerts. Aussi, nous pouvons vivre confortablement. Après, nous le serions tout autant avec un autre travail.

Vous ne ressentez aucune pression face à l’attente des fans? En clair, votre notoriété ne gêne t’elle pas le processus de création?

Nous ressentons effectivement une pression mais celle-ci intervient plus par rapport à nos attentes que par rapport à celles de nos fans. De toute façon, il y a toujours une certaine pression quand on compose un disque.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour vous préparer à cette tournée?

Nous avons répété durant trois semaines. Mais même après les répétitions, il nous a fallu quelques semaines pour être prêt.

Utilisez-vous votre temps libre durant les tournées – si vous en avez – pour commencer à composer de nouvelles chansons ?

Non, on est trop fainéant. Généralement, on se lève vers 11h ou midi. Stuart et moi allons parfois courir. On se lave, on mange. A 16h, on commence les balances, ce qui nous amène à 5h ou 6h, l’heure de diner. Durant les temps morts, on se détend.

Ce n’est pas ennuyeux comme rythme de vie ?

Ca l’a vraiment été à certains moments. Mais après quinze ans de tournée, tu apprends qu’il y a des choses à faire quand tu t’ennuies : lire un livre, appeler tes amis, ta famille, ta mère (rires).

J’imagine que vous devez aussi souvent répondre aux médias, comme vous le faites maintenant. A ce sujet, quelle est la question la plus emmerdante que les journalistes vous posent continuellement?

Le plus emmerdant, ce sont les journalistes qui veulent nous faire répéter quelque chose d’intéressant qu’ils ont lus ailleurs. Il note la question simplement pour avoir la réponse qu’ils attendent dans leur interview. Ca n’a aucun sens. Il y a notamment celle-ci : « Pourquoi avoir appelé votre disque Hardcore Wille never die but you will ? ». Il y aussi ceux qui nous demandent ce que l’on pense des groupes comme Explosions in the sky, Sigur Ros ou du mouvement post-rock. C’est comme demander à Chuck Berry ce qu’il pense du terme rock’n’roll.

Si vous deviez trouver tout de suite un nouveau nom pour votre groupe, que choisiriez-vous?

Avant que je rejoigne le groupe, les membres ont toujours souhaité trouver quelque chose de mieux que Mogwai. Mais c’est comme pour un enfant : tu ne peux pas changer son nom. Peut-être que maintenant, ce serait Children of the dirty stars (rires). Et de la même façon, on s’appellerait comme ça jusqu’à ce qu’on trouve mieux.

Si maintenant, vous deviez trouver le line-up parfait de célébrité qui conviendrait le mieux à la musique de Mogwai, qui choisiriez-vous?

(Il hésite longuement)… c’est une question intéressante, mais je ne sais pas quoi répondre.

Vous pouvez prendre des musiciens si vous le souhaitez?

Ca serait trop facile. Après, les personnages qui sont entrés dans l’Histoire le sont parce qu’ils ont fait mieux que de jouer dans le groupe Mogwai (rires). (Il hésite encore longuement) Si je devais remplacer chaque musicien de Mogwai pour en faire un groupe meilleur, je prendrais Malcolm Middelton (Arab Strap) à la basse, Jaki Liebezeit (Can) à la batterie, Michael Rother (Neu, Kraftwerk) à la guitare – ce serait moi – et David Pajo (Slint, Tortoise, Interpol) à la guitare.

Crédits Photo: Mogwai à Strabourg (mars 2009) par Natacha W

Pour plus d'informations

Site officiel : http://www.mogwai.co.uk/
Deezer :
http://www.deezer.com/fr/music/mogwai#music/mogwai

Cet article a été publié sur Discordance le 21 mars 2011.

Publié dans Culture

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